
Le ministre Attal, par un courriel adressé aux enseignants mardi 5 décembre, a présenté ses mesures « chocs » pour « élever le niveau » des élèves de notre Ecole de la primaire au lycée.
Sans remettre en question, les conséquences des suppressions des postes depuis plusieurs années ni sa détermination de supprimer des postes pour la rentrée prochaine. Le gouvernement, avec le 49–3, a confirmé la suppression de 2 500 postes à la rentrée 2024, qui s’ajoutent aux 2 000 postes supprimés à la rentrée 2023 et aux 7 900 postes supprimés dans le second degré depuis le premier quinquennat Macron.
Les nouveautés :
En Primaire :
- De nouveaux programmes scolaires de la maternelle au CE2 moins volumineux.
- Achats des manuels choisis et payés par l’Education Nationale pour les CP et CE1 dès la rentrée prochaine
- La méthode Singapour en maths pour les Ecoles progressivement à partir de la rentrée prochaine commençant progressivement à partir de la rentrée prochaine…
- Les stages de réussites seront « prescrits » et deviendront obligatoires pour passer dans la classe supérieure.
- Les Professeurs auront le dernier mot pour le maintien dans la classe.
Au collège :
- Les 6e et 5e seront dans des groupes de niveaux en français et mathématiques. Le ministre prévoit des créations de postes spécifiques pour que les groupes atteignent 15 élèves maximum.
- Les 4e et 3e y seront à partir de la rentrée 2025
- Les collégiens en difficulté en maths et/ou français auront plus d’heures de français et maths et se verront temporairement enlever des heures dans d’autres matières.
- Le Brevet en 3ème devrait également se voir modifié : la note du contrôle continu représentera 40% au lieu de 50% actuellement et sera la moyennes des notes obtenues. La note de l’épreuve finale représentera 60%.
- Le Brevet devient obligatoire pour accéder au lycée. Dans le cas d’un échec au Brevet, les élèves seront dans une classe « prépa-lycée » pour consolider et rattraper le niveau.
Au lycée :
- Tous les lycées auront un outil basé sur l’Intelligence Artificiel pour la remédiation et les approfondissements en français et mathématiques.
- En lycée professionnel, les 2ndes et les 1eres auront des cours de français et maths en petits groupes.
- Les 1ères auront les épreuves de Bac français et Bac maths et culture scientifique en épreuves anticipées.
Conséquences de ces mesures
Plutôt que d’ouvrir des postes nécessaires, le ministre propose d’abandonner les élèves au soin de l’Intelligence Artificiel pour les élèves les plus fragiles. Comment ne pas y voir là un pas de plus vers la destruction-privatisation de l’École publique ?
Ce modèle d’école du tri, qui sépare les élèves en fonction de leurs difficultés et va renforcer les inégalités.
Quant aux renforcements des enseignements en lycée professionnel comme des « petits groupes » en français et mathématiques, ils restent à moyens constants et posent toujours la même question du recrutement des enseignants. Tout ceci alors que la réforme des lycées professionnels Macron-Grandjean prévoit notamment la suppression de 6 semaines de cours, réforme dont les organisations syndicales, dont le SNETAA-FO, demandent le retrait avec un appel à la grève mardi 12 décembre !
Agiter le Pacte, rejeté par les personnels, pour motiver ceux qui accepteraient de prendre en charge les stages pendant les vacances va encore faire retomber sur les personnels de direction, les personnels administratifs, les enseignants, la responsabilité supplémentaire, vis-à-vis des familles, de mettre en place des dispositifs conditionnant une poursuite d’études au lycée.
Il s’agit d’une véritable provocation au moment où le ministre Guérini annonce le gel du point d’indice pour l’année 2024.
Et que dire de la « scolarisation aménagée » des collégiens les plus en difficulté en français et mathématiques ? Comment le ministre conçoit-il la « réduction temporaire des cours » dans d’autres disciplines ? A quelles tâches seront affectés ceux qui verront leur enseignement disciplinaire diminué ? Quid des obligations réglementaires de service des enseignants et de l’enseignement disciplinaire ? Certains élèves en difficultés dans les matières français ou maths se voient pleinement épanouis dans d’autres matières artistiques ou scientifiques…
Les enseignants du second degré ne sont pas des personnels aux compétences modulables au gré des réformes !
Quant à la possibilité pour les enseignants « d’avoir le dernier mot s’agissant du redoublement de l’élève » ce ne sera qu’un pis-aller dans le cadre de la dégradation des conditions de travail des personnels et des conditions d’apprentissage des élèves organisée par le ministre Attal.
Enfin, l’annonce du financement de manuels scolaires labellisés en lecture et mathématiques pour les élèves de CP et CE1 est une remise en cause inacceptable de la liberté pédagogique, et donc du statut des enseignants.
Face à la nouvelle opération de communication du ministre qui, une fois de plus, vise à dresser un écran de fumée devant la casse de notre statut et la dégradation de nos conditions de travail, FO réaffirme ses revendications :
- Annulation des 2 500 suppressions de postes prévues à la rentrée ! Création des postes nécessaires !
- Augmentation immédiate de 10% de la valeur du point d’indice et abandon du « pacte » !
- Respect du Statut, des obligations de service et de notre liberté pédagogique !
Face à la situation intenable liée à l’inclusion systématique et forcée et aux nouvelles attaques de l’acte 2 de l’école inclusive, d’ailleurs confirmées par le ministre Attal dans son courrier, la FNEC FP-FO et Snudi FO appelle tous les personnels à préparer la grève et la montée à Paris le 25 janvier en direction du ministère.
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